Les relations franco-algériennes traversent leur plus grave crise depuis l'indépendance de 1962. La récente expulsion croisée de diplomates entre les deux pays révèle une détérioration sans précédent des rapports bilatéraux, sur fond d'accusations mutuelles et d'absence de vision stratégique claire du côté français.
"La politique française est totalement illisible", déclare Jean-Philippe Tanguy (RN), pointant du doigt les incohérences diplomatiques de Paris. Cette critique intervient après une série d'événements qui ont précipité la crise : l'arrestation en France d'un agent consulaire algérien impliqué dans une affaire d'enlèvement, suivie de l'expulsion de douze agents consulaires français par Alger, à laquelle Paris a répondu par des mesures similaires.
La situation actuelle illustre les limites d'une politique d'alternance entre apaisement et fermeté. Selon des observateurs cités par Le Monde, "cette gestion au coup par coup fragilise la position française et rend impossible toute stratégie de long terme." La tentative de "grande réconciliation" initiée par Emmanuel Macron n'a pas porté ses fruits, comme en témoigne la visite infructueuse du ministre Jean-Noël Barrot à Alger.
Les tensions actuelles s'inscrivent dans un contexte plus large de différends persistants. D'après l'historien Guy Pervillé, "les contentieux entre la France et l'Algérie sont profondément enracinés dans l'histoire des deux pays." Les désaccords sur le Sahara occidental et la gestion des flux migratoires ont particulièrement contribué à la dégradation des relations depuis l'été 2024.
L'impact de cette crise dépasse le cadre diplomatique. Selon RFI, les relations économiques entre les deux pays commencent également à en pâtir, menaçant des années de coopération dans des secteurs stratégiques comme l'énergie et l'industrie.
Face à cette situation, la France se trouve à un carrefour diplomatique crucial. Le rappel de son ambassadeur pour consultations traduit la gravité de la crise, mais aussi la nécessité de repenser en profondeur sa stratégie vis-à-vis d'Alger. L'enjeu pour Paris est désormais de définir une ligne diplomatique cohérente et durable, capable de dépasser les soubresauts conjoncturels qui minent depuis trop longtemps cette relation bilatérale essentielle.