L'UM6P, l'UNESCO et la Fondation OCP établissent une plateforme triangulaire pour les agendas de développement en Afrique

Rédigé le 19/07/2025
avec MAP


L'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), l’UNESCO et la Fondation OCP ont signé, vendredi à Paris, un accord qui marque un nouveau chapitre dans leur collaboration pour la période 2025-2027, en mettant en place une plateforme triangulaire dédiée aux agendas de développement axés sur l'Afrique, avec un financement de 6 millions de dollars.

Eric Terrab, président du Groupe OCP, et Audrey Azoulay, directrice générale de l’UNESCO, ont signé cet accord qui "renforce une alliance fondée sur une volonté partagée de répondre aux défis africains", comme indiqué dans un communiqué de l'UM6P.

Cette initiative repose sur un mécanisme de mise en œuvre collaborative entre l’UM6P et l’UNESCO, soutenue par la Fondation OCP, et elle développe des projets intégrant éducation, science, technologie et patrimoine culturel, considérés comme des leviers conjoints pour un développement endogène, durable et souverain, selon la même source.

Depuis 2017, les trois institutions ont établi une dynamique de coopération s'articulant autour de valeurs communes : l'investissement à long terme dans les systèmes de savoir, l'importance de l'enseignement supérieur, la valorisation des ressources culturelles et le besoin d'innovation ancrée dans les réalités locales.

Plutôt que d'adopter un modèle unique, la collaboration se structure selon une architecture modulaire, répartie en cinq axes complémentaires. Chaque axe fait l'objet d'un accord distinct, permettant ainsi une diversité dans les temporalités, les outils et les modes de gouvernance, selon les thématiques abordées.

"Ce partenariat est un catalyseur essentiel, un véritable moteur d'impact et d'innovation au service du continent africain. En unissant nos forces autour de thèmes structurants comme l'intelligence artificielle, que nous considérons comme un levier puissant pour la valorisation du patrimoine, l'innovation et l'autonomisation, ainsi que le développement durable, l'histoire, la culture et l'enseignement supérieur, nous sommes convaincus de pouvoir accompagner les profondes transformations du continent africain", a déclaré M. Terrab, cité dans le communiqué.

De son côté, Mme Azoulay a souligné que "l’Afrique est au cœur de la mission et des priorités de l’UNESCO. Avec la Fondation OCP et l’Université Mohammed VI Polytechnique, nous approfondissons notre partenariat pour investir dans les savoirs, les communautés et les territoires, en mettant l'accent sur l’éducation, le patrimoine et l’environnement. Ces éléments sont cruciaux pour le développement de l’Afrique".

Au sujet de l'intelligence artificielle, la collaboration se concentre sur l'opérationnalisation du Consensus africain de Rabat sur l’IA. Cela comprend la création de modules de formation adaptés aux réalités régionales, le développement de programmes de recherche appliquée et le déploiement exploratoire de technologies d’IA générative dans certains services publics.

Le but est d'explorer des voies permettant aux pays africains de s’approprier les technologies d’IA non pas uniquement comme utilisateurs, mais comme acteurs institutionnels capables de définir les enjeux, les limites éthiques et les besoins infrastructurels spécifiques à leurs contextes administratifs, ajoute la même source.

En termes d’enseignement supérieur, le programme se concentre sur la facilitation de la mobilité académique transfrontalière, la coproduction de recherches et le développement d’écosystèmes académiques moins dépendants des modèles importés. Des dispositifs de bourses, des programmes de mobilité et des co-encadrements de projets de recherche seront mis en place via Campus Africa, une plateforme conçue par l’UNESCO pour encourager la collaboration horizontale entre universités africaines. L'accent est mis sur la circulation des talents, des savoirs et des pratiques pédagogiques, dans le but de renforcer les capacités institutionnelles enracinées localement tout en étant connectées à l’international, précise le communiqué de l’UM6P.

L’intégration du programme Histoire générale de l’Afrique (HGA), dirigé par l’UNESCO, illustre la volonté d’utiliser le savoir historique comme ressource opérationnelle pour réformer les curricula. Le projet prévoit d’accompagner les universités africaines dans l'intégration de l’Histoire générale de l’Afrique à leurs offres académiques, grâce à la mise à disposition de supports pédagogiques multilingues, à la formation des enseignants et au développement d’outils de suivi pour évaluer la mise en œuvre.

En outre, l'initiative Maou’root, consacrée au patrimoine culturel, vise à établir un réseau panafricain de professionnels dans le domaine de la conservation. Celle-ci se démarque des approches cloisonnées en favorisant des modèles communautaires et interdisciplinaires, englobant tant le patrimoine tangible qu'intangible. Le programme ambitionne de développer des capacités de gouvernance patrimoniale rigoureusement techniques tout en restant socialement intégrées grâce à des formations ciblées, des outils de diagnostic localisés et des échanges inter-institutionnels.

Concernant les questions environnementales, le volet de restauration des écosystèmes adopte une méthodologie basée sur des projets pilotes. Des zones protégées en Afrique serviront de sites tests pour des projets de restauration intégrée liant conservation de la biodiversité, résilience climatique et revitalisation économique. L'objectif est d’évaluer si les résultats écologiques peuvent être atteints tout en générant des revenus et diversifiant les moyens de subsistance pour les populations locales. Cette démarche contribuera à l'élaboration de modèles reproductibles prenant en considération les interdépendances entre les systèmes naturels, les pressions économiques et les mandats institutionnels.

Cette nouvelle phase reflète une conviction partagée parmi les trois institutions : les résultats en matière de développement en Afrique dépendent davantage de l'architecture reliant production de savoir, conception institutionnelle et faisabilité opérationnelle que de projets isolés, conclut le communiqué.