En Afrique du Sud, l'expérience inédite d'une coalition gouvernementale traverse sa première crise majeure. Après avoir perdu sa majorité historique aux élections de mai 2024, l'ANC (Congrès national africain) s'est vu contraint de former une alliance avec son rival traditionnel, l'Alliance démocratique (DA).
Cette configuration politique inédite, qui maintient l'ANC au pouvoir avec 37-41% des intentions de vote, fait face à sa première épreuve décisive : l'adoption du budget 2025. Les négociations achoppent particulièrement sur la proposition d'augmentation de la TVA, un point de friction majeur entre les partenaires de coalition. "Cette mesure affecterait de manière disproportionnée les ménages les plus vulnérables", affirme un représentant de la DA, qui menace de porter l'affaire devant les tribunaux.
La montée en puissance du MK Party de Jacob Zuma, créditée de 13% des intentions de vote, complexifie davantage l'équation politique. Face à cette nouvelle concurrence, l'ANC doit composer avec des alliés réticents tout en gérant une économie en berne, marquée par un chômage endémique et une dette publique croissante.
Paradoxalement, cette fragilité apparente pourrait constituer le ciment de la coalition. Les derniers sondages, plaçant la DA en progression avec 20-25% des intentions de vote, créent une dynamique où chaque parti trouve un intérêt à maintenir l'alliance. "La perspective d'une coalition plus favorable aux entreprises a rassuré les marchés", note un rapport de l'Aberdeen Group.
Les deux formations principales, conscientes du risque d'effondrement politique, multiplient les efforts de négociation. Des ajustements sur la TVA et d'autres mesures budgétaires sont en discussion pour préserver la cohésion gouvernementale. L'absence d'alternatives crédibles et la pression des marchés financiers contribuent également à la survie de cette alliance improbable.
La pérennité de ce "mariage de raison" dépendra néanmoins de sa capacité à surmonter les divergences idéologiques profondes entre ses membres, tout en apportant des réponses concrètes aux attentes d'une population lassée par la crise économique. Le prochain vote budgétaire s'annonce comme un test crucial pour l'avenir de cette expérience politique sans précédent dans l'histoire post-apartheid de l'Afrique du Sud.