Le Maroc confirme son ambition de devenir un acteur majeur de l’industrialisation en Afrique avec l’inauguration, début juin 2025, de la première usine intégrée de ciment et de clinker au Cameroun. Cette infrastructure industrielle, portée par LafargeHolcim Maroc Afrique (LHMA), représente un investissement de 100 millions de dollars et affiche une capacité annuelle de 500 000 tonnes, couvrant à la fois la production de ciment et de clinker, matière première essentielle à la fabrication du ciment.
Ce projet s’inscrit dans une dynamique de partenariat entre le Maroc et le Cameroun. Il illustre la volonté du Royaume de renforcer les capacités industrielles africaines et d’accompagner le développement économique du continent. L’usine de Figuil, fruit de plusieurs années de planification et de collaboration, vise non seulement à répondre à la demande locale mais aussi à alimenter les marchés sous-régionaux, notamment le Tchad, dans une logique de chaîne de valeur intégrée. Ce positionnement stratégique fait de l’usine un véritable hub industriel, susceptible de jouer un rôle clé dans l’essor d’un commerce intracontinental, en particulier dans le secteur des matériaux de construction où la demande reste soutenue.
Lors de la cérémonie d’inauguration, la présence du Premier ministre camerounais, Joseph Dion Nguté, a souligné l’importance stratégique du projet pour le pays. « Le chef de l’État m’a envoyé ici à cause de l’importance de l’évènement. C’est-à-dire l’inauguration de cette usine, qui produit non seulement du ciment, mais aussi du clinker ». Il a salué la modernisation d’une ancienne cimenterie et l’autonomisation industrielle du Cameroun vis-à-vis des importations.
Cette réalisation s’inscrit dans un contexte où, en 2022, le Maroc s’est imposé comme le premier fournisseur africain du Cameroun, avec près de 319 200 tonnes de marchandises exportées vers Yaoundé, pour une valeur estimée à 70 milliards de francs CFA (environ 1 milliard de dirhams), un chiffre qui a triplé en l’espace d’une année. Cette dynamique devrait encore s’accélérer grâce à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui favorise l’intégration économique et commerciale du continent.
Ce projet illustre la vision de Rabat : faire du secteur industriel un levier de diplomatie économique sud-sud, tout en consolidant la position du Maroc comme moteur de l’industrialisation africaine. Au-delà de l’impact industriel, l’usine de Figuil, en plus de répondre à la demande croissante en matériaux de construction, crée de l’emploi, stimule l’économie locale et ouvre de nouvelles perspectives d’exportation, notamment vers les pays voisins.
Ce partenariat maroco-camerounais, fondé sur la complémentarité industrielle et la mutualisation des expertises, s’inscrit dans une tendance plus large de renforcement des relations économiques entre pays africains. Cette tendance est portée par des investissements structurants et une volonté de développement durable. En positionnant ses entreprises comme des acteurs clés de l’industrialisation du continent, confirme son statut de partenaire stratégique pour l’Afrique de demain.