La récente vague de cyberattaques ayant frappé le Maroc révèle la vulnérabilité croissante des infrastructures numériques africaines. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Franck Kié, expert reconnu en cybersécurité, analyse les implications de ces incidents pour le continent.
"Aucun pays n'est à l'abri des cybermenaces, même ceux disposant d'infrastructures numériques avancées comme le Maroc", affirme Kié. Cette réalité s'impose alors que le royaume chérifien accélère sa transformation numérique, exposant potentiellement ses institutions et entreprises à des risques accrus.
La multiplication des attaques soulève des questions cruciales sur la protection des infrastructures critiques. "Il est impératif de développer un cadre réglementaire robuste et d'investir dans le capital humain", souligne l'expert, qui préconise également l'émergence d'un marché local de la cybersécurité porté par les startups africaines.
Le manque de professionnels qualifiés reste un défi majeur. "L'Afrique fait face à une pénurie de talents en cybersécurité, aggravée par l'exode des compétences vers les pays développés", explique Kié. Cette situation nécessite la création d'opportunités locales attractives pour retenir les experts du continent.
La souveraineté numérique émerge comme un enjeu stratégique. Les nations africaines doivent, selon Kié, "sélectionner judicieusement leurs partenaires technologiques pour réduire leur dépendance vis-à-vis des entités étrangères". Une collaboration régionale renforcée entre les agences de cybersécurité s'avère également indispensable pour faire face aux menaces.
Les incidents au Maroc servent d'avertissement pour l'ensemble du continent. Dans un contexte de digitalisation accélérée, la cybersécurité ne peut plus être considérée comme une option, mais comme une composante fondamentale du développement numérique africain.