La liberté sur Internet continue de s'éroder à l'échelle mondiale, et l'Afrique n'échappe pas à cette tendance inquiétante. Le dernier rapport "Freedom on the Net 2024" de Freedom House dresse un tableau préoccupant, marquant la quatorzième année consécutive de déclin des libertés numériques. Elizabeth Sutterlin, chercheuse au sein de l'organisation, met en lumière une réalité alarmante où la répression en ligne prend des formes de plus en plus concrètes et violentes.
À travers le continent africain, les gouvernements déploient un arsenal varié de tactiques pour museler l'expression en ligne. Les arrestations et emprisonnements pour des publications sur les réseaux sociaux sont devenus monnaie courante. L'exemple frappant d'un influenceur angolais, condamné à deux ans de prison pour avoir critiqué le président dans une vidéo TikTok, illustre cette tendance répressive. Les périodes électorales exacerbent particulièrement ces tensions, comme l'a démontré le Zimbabwe lors de ses élections d'août dernier, où des armées de commentateurs pro-gouvernementaux ont orchestré une manipulation massive de l'information en ligne.
L'émergence de l'intelligence artificielle générative ajoute une nouvelle dimension à ces défis. En Afrique du Sud, l'utilisation de deepfakes pour créer du contenu trompeur pendant les élections soulève de sérieuses inquiétudes. Bien que l'impact réel de ces technologies sur les campagnes de désinformation reste à évaluer, leur potentiel de nuisance est indéniable.
Les conséquences de cette répression numérique touchent tous les niveaux de la société. Si les journalistes, activistes et défenseurs des droits humains sont en première ligne, les citoyens ordinaires n'en sont pas moins épargnés. L'histoire glaçante de cet enseignant kényan, enlevé et battu pour avoir simplement critiqué l'état des routes de sa région sur Facebook, en est un témoignage poignant.
Pourtant, au milieu de ce tableau sombre, des lueurs d'espoir persistent. La Zambie se distingue comme un exemple encourageant, enregistrant la plus forte amélioration mondiale en matière de liberté numérique cette année. Cette avancée significative est le fruit d'efforts concertés de la société civile pour réformer les lois sur la cybercriminalité et créer un espace plus favorable à l'activisme en ligne. Cette évolution positive démontre qu'un changement est possible, même dans un contexte régional difficile, lorsque la volonté politique s'aligne avec les aspirations démocratiques de la société civile.