Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, exprime dans son essai "France-Algérie, le double aveuglement" son inquiétude face à une crise persistante alimentée, selon lui, par le régime algérien. Dans un entretien exclusif accordé au Figaro, Driencourt souligne que, depuis 1962, l'Algérie indépendante est dominée par un régime de parti unique, avec l'armée nationale au centre du pouvoir, créé par le FLN. Il affirme que "l'Algérie est le seul pays où l'armée possède un pays".
Driencourt évoque également la manière dont l'Algérie influence les affaires intérieures françaises à travers des réseaux bien implantés. Une illustration en est le discours du président algérien Tebboune en avril 2024, dénonçant les réseaux français en Algérie. Selon Driencourt, cette déclaration reflète une dynamique inverse où les réseaux algériens sont bien plus actifs en France.
Les liens sont aussi visibles au niveau diplomatique. Les ambassadeurs d'Algérie en France, souvent proches du pouvoir à Alger, jouent un rôle crucial selon Driencourt. Il note des figures comme Misoum Sbih, ambassadeur à Paris, qui fut un interlocuteur respecté malgré les tensions constantes.
Parlant de l'immigration, Driencourt met en lumière l'importance de l'accord franco-algérien de 1968, soulignant comment il accorde des privilèges aux Algériens qui facilitent leur installation en France. Ce texte, considéré comme obsolète par certains, pourrait être remis en question pour adapter les politiques migratoires aux réalités actuelles.
En conclusion, Driencourt propose de normaliser les relations avec l'Algérie en cessant de l'intégrer aux affaires intérieures françaises. Il appelle à une analyse lucide et dénuée de remords historiques, estimant que l'heure est venue de "tourner la page" pour instaurer une relation bilatérale fondée sur des bases réalistes et respectueuses des intérêts mutuels.