Kabylie, identité sous tension : la polémique entre France et Algérie après le dossier choc du magazine français Le Point

Rédigé le 16/08/2025
LeMag .africa


Le dossier publié mi-août 2025 par le magazine français Le Point sur les "Kabyles, peuple debout", a déclenché une polémique majeure entre Alger et Paris. L’article, illustré par des figures emblématiques comme Zinédine Zidane et Idir, éclaire l’histoire et la visibilité internationale du peuple kabyle, tout en soulignant leur fort attachement à leurs racines, parfois perçues comme distinctes de l’identité algérienne officielle.

Zidane, né à Marseille de parents originaires de Petite Kabylie, est devenu un symbole de la réussite de l’immigration kabyle en France. De même, le chanteur Idir, grand ambassadeur de la musique kabyle, fut célébré comme une voix de rapprochement entre Français et Algériens, tout en défendant pacifiquement la cause kabyle.

Or, ce dossier a suscité la colère des autorités algériennes, qui accusent la presse occidentale de promouvoir une “kabylité” séparée de la nation algérienne, y voyant une ingérence politique et culturelle. L’affaire s’inscrit dans un contexte de tensions exacerbées, où chaque évocation du particularisme kabyle ravive les démons du passé et les débats sur l’unité nationale.

L’écrivain Kamel Daoud, lui-même critiqué pour avoir abordé le sujet dans Le Point, estime que cette région incarne une revendication de droits et de libertés que l’État algérien peine à intégrer. Les polémiques récurrentes rappellent les événements du Printemps berbère de 1980 et du Printemps noir de 2001, durant lesquels la Kabylie a payé un prix fort pour défendre ses causes identitaires et démocratiques.

Le Point détaille par ailleurs les démêlés judiciaires du journaliste français Christophe Gleizes, condamné en juillet 2025 à sept ans de prison pour “apologie du terrorisme” — il est accusé de liens avec le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), organisation qualifiée de terroriste par Alger et dont le président, Ferhat Mehenni, revendique la souveraineté de la région[5]. Cette affaire a renforcé la suspicion à l’égard des médias français et des Kabyles de France.

Ce traitement médiatique, très documenté et illustré de témoignages, expose la Kabylie comme une composante dynamique et fière de la diaspora maghrébine, mais aussi comme un enjeu géopolitique et identitaire sensible au cœur de l’actualité franco-algérienne. L’irruption de figures telles que Zidane et Idir dans le débat révèle comment la culture peut devenir un terrain de lutte et de dialogue entre les nations, mettant en lumière les fractures persistantes autour de la question amazighe.